CHARMANT
L'église de Charmant située à 18km d'Angoulême, exploitait à l'origine le parti de Saint Martial de Vitaterne. Elle a conservé de cette époque une nef (A) très archaïque avec de petites fenêtres (B) irrégulièrement distribuées et placées très haut. Elle est structurée de modestes raidisseurs (C ) sans doute postérieurs. L'axe d'accès à la croisée (D) est, lui aussi, préservé ainsi que la façade (E) avec un portail très dépouillé (F). L'ouvrage doit dater du premier tiers du XI°s. Par contre, l'ensemble oriental primitif a disparu pour laisser place à un programme du XII°s. avec une grande abside (G) en hémicycle prolongé (H). Elle est régulièrement découpée et bien structurée en interne (J) comme en externe (K.). Suit une croisée (L) dont les bases (M) s'intègrent parfaitement à l'ensemble. Elle est coiffée d'une coupole sur pendentifs (N). Les croisillons nord (P) et sud (Q) sont inégaux mais très bien dessinés. Enfin, ils sont flanqués de deux grandes chapelles orientées (R,S) plus rustiques que l'abside mais parfaitement intégrées à l'ensemble. Nous avons là une composition très achevée du milieu du XII°s. vers 1140/1170 et désaxée par rapport à la nef (T).
En élévation, la grande cella de caractère primitif (A) a préservé ses petites fenêtres (B) haut placées, sa façade (C ) et son portail rustique (D) ainsi que la cloison de liaison avec la croisée (E) dotée d'un arc en plein cintre (F) et une baie (G) aujourd'hui obturée pour ne pas interférer avec la nouvelle croisée. Charmant n'a jamais reçu d'escalier à vis et l'accès aux parties hautes se fait par une petite ouverture (H) et grâce à une échelle. Sur l'ensemble oriental XII°s. nous trouvons une belle abside (J) avec cul de four où la base est en hémicycle et le doubleau de clôture en arc brisé. Les piles (K) sont flanquées de colonnes jumelles engagées et les quatre arcs sont très caractéristiques du parti d'Angoulême avec un simple rouleau (L) flanqué des retombées (M) des pendentifs. Enfin la coupole (N) est à peine intégrée. Cet ensemble oriental sera très astucieusement raccordé à l'ancienne nef (P) et achevé vers 1170. L'ouvrage est livré au culte et le couronnement de la croisée est mis en attente. A la fin du siècle, commence l'édification d'un beau clocher dont le premier niveau carré est percé de fenêtres gothiques début XIII°s. (Q) puis, après un passage au polygone (R ) l'ouvrage est coiffé d'une pyramide de pierre dérivé du clocher vieux de Chartres (S) mais refait au XIX°s. Nous daterons l'ensemble de la période 1200/1220.