Le siècle des Plantagenets


SAINT ANGEAU

Ce village se trouve sur le bas cours de la Bonnière, un affluent de la Charente. Les terres sont ici très favorables à l'agriculture avec de bonnes aptitudes céréalières et l'agglomération règne sur un terroir important où toutes les petites exploitations ont pratiquement disparu au profit du village et ceci dès le XII°. Ce contexte doit permettre la vie d'une population de 400 à 500 personnes durant les périodes fastes ce qui fut le cas pour l'époque romane.

De l'église de la Haute Époque demeure le mur nord que nous pouvons dater de la fin du X° ou du tout début du XI0. Vers 1050, les travaux reprennent avec l'édification d'une abside en hémicycle éclairée de trois petites fenêtres dont subsiste celle côté sud. Cet hémicycle régulier (archaïque) est flanqué de trois petits contreforts et sera voûté d'un cul de four dès la première campagne. Suit une travée droite primitivement aveugle et qui fut sans doute au XI0 voûtée d'un berceau et coiffée d'une couverture en bâtière. En cet état, l'ouvrage doit être achevé avant 1070.

Au début du XIP, vers 1125/1130, une campagne de voûtement est entreprise sur la vieille nef; il s'agit de flanquer les élévations internes de piles engagées portant deux colonnes de même nature et ces structures seront reliées par des arcades en plein cintre. Le bandeau qui les surmonte est situé beaucoup plus haut que l'arcade ouvrant sur l'abside. Les travaux commencent par la travée orientale mais un affaissement doit survenir entraînant la ruine de l'élévation sud. Celle ci sera reprise sur le même principe architectonique mais avec un mur plus épais et des contreforts caractérisés en externe, le tout en grand appareil. Ces bases sont visiblement destinées à porter une voûte en berceau sur doubleau mais la faiblesse du mur nord, où seules deux arcades ont été installées, doit inquiéter le maître d'œuvre qui abandonne le programme, probablement vers 1140.

Les investissements de la paroisse porteront sur un beau clocher roman établi sur la travée contiguë à l'abside et, là, comme à Bécheresse, les étages sont inversés, les belles baies géminées se trouvent au premier niveau tandis que le second est aveugle. A mi hauteur, des corbeaux suggèrent que ce fut une élévation réalisée pour une mise en défense tardive.

Les travaux sur la nef ne reprendront pas mais un accident survenu à la façade du X°, probablement aménagée au XII°, impose une reprise complète au début du XIII°. Enfin, une voûte légère en anse de panier sera installée sur la nef probablement au XVII°.


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(A)     Vieux murs, cella X°s.
(B)     Abside du XI°s. 1050/1070
(C)     Fenêtre primitive
(D)     Fenêtre aménagée au XII°s.
(E)     Travée droite du XI°s.
(F)     Cul de four du XI°s.
(G)     Voûte en berceau du XI°s.
(H)     Nouveau mur sud 1115/1130
(J)     Reprise de l'élévation nord 1120/1130
(K)     Premier niveau du clocher 1120/1130
(L)     Deuxième niveau 1130/1135
(M)     Reprise complète de la façade XIII°s.


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Saint Angeau. L'église. Vue d'ensemble nef, clocher, abside.


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Saint Angeau. Abside et base du clocher. Ensemble XI°s.


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Saint Angeau. Le clocher, les parties hautes du XII°s.


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Saint Angeau. La nef, élévation sud.