CHAMPAGNE
Cette agglomération se trouve sur l'Ecly, une petite rivière qui va se jeter dans le Né, affluent de la Charente. Son terroir s'allonge sur une plaine alluviale favorable à l'élevage et, dès la fin du XI°s. les exploitants agricoles cultivent quelques céréales sur les hauteurs environnantes. Cette polyculture doit assurer l'existence de 3 à 400 âmes. D'autre part, la proximité de la chaussée antique Saintes/Périgueux va conforter le développement économique de cette société rurale. Champagne se trouve dans un groupe d'une douzaine de belles églises romanes dont la prospérité fut également liée au cheminement antique.
L'ouvrage est très homogène et sans doute fut-il réalisé sans interruption notable. Les caractères sont premier tiers du XII°s. et les travaux commenceront par le chevet. Ici, tous les arcs sont en plein cintre sauf les formerets de la travée clocher. Le sanctuaire est formé d'une belle abside en hémicycle outrepassé et régulièrement rayonnante prolongée d'une courte travée droite. La distribution externe de l'ensemble forme onze travées régulières mais, celles en interne, sont déséquilibrées pour assurer l'implantation du doubleau mineur, le majeur étant contiguë à la travée clocher. Cette dernière fut programmée ultérieurement et sur un volume plus large, 5m 08 contre 4m 56, sans doute pour s'aligner sur l'ancienne cella occidentale ultérieurement reconstruite.
Cette travée clocher est régulièrement implantée avec des murs latéraux épais de l m 30, hors formerets, et un puissant doubleau à deux rouleaux vers l'ouest. Tous deux sont en plein cintre mais les formerets adoptent l'arc brisé ce qui laisse à penser que le volume du clocher était déjà bien avancé lorsque l'installation de la coupole et de ses pendentifs fut décidée. Cependant, l'enduit interne ne permet pas de contrôler cette hypothèse. Les dates nous semblent les suivantes: début des travaux de l'abside 1100/1110 sur un axe légèrement gauchi, vers 1115 implantation de la croisée; vers 1125 voûtement de l'abside et choix de la coupole sur pendentifs qui sera achevée vers 1130/1135.
Les travaux de la nef furent entrepris vers 1125 et, en 1140, les deux travées longues avec mur épais (l m 30 environ comme à la croisée) sont achevées à leur tour. Ce volume occidental sera voûté de berceaux brisés portés sur des doubleaux de même profil; achèvement vers 1150/1160, après l'édification de la nouvelle façade très caractéristique du style austère de Saintonge. Le clocher primitif doit être réalisé avec quelque retard, soit vers 1140/1150, l'actuel est sans doute une reprise.
Lors de mes relevés, l'ouvrage se présentait misérablement dans les encombrements de l'exploitation agricole voisine, un dégagement et des réparations s'imposent.
(A) Abside régulièrement rayonnante, 1100
(B) Structuration externe régulière
(C) Doubleau mineur
(D) Travée droite vers 1110
(E) Travée clocher, implantation, vers 1115
(F) Voûte de l'abside vers 1125
(G) Coupole sur pendentifs vers 1130
(H) Clocher rustique, achèvement vers 1135
(J) Doubleau occidental à deux rouleaux
(K) Nef à deux travées longues, 1125/1140
(L) Doubleau sur colonnes engagées
(M) Façade du même programme, vers 1145
(N) Contreforts de sauvegarde
(P) Dénivelé d'origine