Le siècle des Plantagenets


AGRIS

Cette paroisse est située au nord de l'Angoumois dans la vallée fertile de La Tardoire où les aptitudes céréalières sont bonnes. L'agglomération s'est rassemblée fort tôt engendrant un faisceau de chemins menant de la ferme aux champs et respectant le sens de la vallée. La concentration rurale était sans doute optimum dès la première moitié du XI°s. et c'est l'époque où le sanctuaire primitif sera construit. Le hameau satellite de Chez Foucauld date de la fin du Moyen Age. Les terres représentent une superficie proche de 1000 ha, c'est plus qu'il n'en faut pour faire vivre en période d'exploitation optimum environ 600 personnes.

L'essentiel de l'édifice actuel date du début du XI°s. Il est fidèle au parti primitif rural avec deux cella axées; une grande à l'ouest aujourd'hui tronquée et une plus petite à l'est traitée en puissance puisque destinée à recevoir un clocher. Les deux campagnes peuvent être situées sur 1020/1060 pour les ouvrages de base et 1060/1080 pour le clocher qui sera de traitement léger et non voûté mais plus haut que l'actuel . Sa base occidentale reposait sur l'arc de communication entre les deux cella et ce sera le point faible de la composition; la charge des maçonneries hautes va pousser au déversement externe les piles de base ce qui justifiera une puissante reprise en sous œuvre au XIV°.
La campagne suivante, réalisée au XII°, portera sur le voûtement de la nef, les élévations seront flanquées en interne de structures avec grosses piles rectangulaires coiffées d'arcs en plein cintre. La portée des travées ainsi constituée est de 2m 50 en moyenne ce qui réduit l'ultime réaction longitudinale (effet de fond) et c'est une option satisfaisante. D'autre part leur hauteur est réduite afin d'aligner le sommet du grand berceau plein cintre sur l'arc de liaison entre les deux cella. Le berceau est décomposé en travées par des doubleaux reposant sur des colonnes engagées flanquant les piles rectangulaires. Plusieurs d'entre elles ont été retaillées et placées sur corbeau pour faciliter l'installation du mobilier. Cet ensemble masque les anciennes fenêtres hautes qui n'ont pas été remplacées, sauf sur la première travée orientale, nord. Après cet aménagement, la nef sera limitée à quatre travées par une nouvelle façade. Le pas réduit ainsi que le dessin plein cintre des arcades et de la voûte plaident pour une date précoce, période probable 1100/1125.

Sur le plan architectonique cette composition est généralement satisfaisante mais, à Agris, la faiblesse viendra des vieux murs dont les fondations vont se révéler insuffisantes. D'autre part, le niveau d'assises sera dépassé par la montée du sol environnant ce qui va désagréger les maçonneries courantes. Enfin, une mauvaise étanchéité de la couverture, des infiltrations d'eau ainsi que des ruptures dans le blocage de la voûte complèteront les effets néfastes. Ces mouvements des parties hautes seront combattus mais sans méthode; deux puissants contreforts, nord et sud, viendront épauler la voûte au niveau du doubleau médian, là où s'étaient manifesté les premiers mouvements. Un autre sera maladroitement établi au nord de la première travée occidentale. Il est plus tardif et fait office d'escalier d'accès aux combles. Enfin, Parc de liaison établi entre les deux cella du XI° et dont la reprise en sous œuvre va se révéler insuffisante, sera lui aussi flanqué de deux contreforts externes. A en juger par leurs caractères ces confortements interviennent au XIV°s.

C'est également au cours de ce siècle qu'une voûte gothique sera réalisée en partie basse du clocher, ce qui justifie l'installation de deux contreforts obliques sur le pignon est.
Au début du XV°, une chapelle latérale sera construite sur le flanc sud de la nef; elle couvre deux travées et son arc d'accès, largement ouvert, interfère avec le doubleau. Pour ne pas toucher à la grande voûte il sera repris en anse de panier. En cette fin du Moyen Age, les temps sont troublés et, comme dans bien d'autres édifices, les combles sont aménagés en refuge avec une surélévation des murs latéraux : le changement d'appareil demeure visible. Enfin, sur la façade, le fronton primitif sera remplacé par un nouveau mur léger avec deux retours latéraux. Cet aménagement répond à la surélévation du comble imposé par la mise en défense.


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Agris. La tour de croisée.


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(A)     Grande cella du début du XI°s.
(B)      Petite cella contemporaine de la grande.
(C)      Clocher construit sur la petite cella 1060/1080.
(D)      Arcade de structure sur la grande cella.
(E)      Voûte sur la grande cella vers 1120.
(F)      Nouvelle façade sur la grande cella tronquée.
(G)      Fronton XIV° correspondant au refuge.
(H)      Voûte gothique XlII°s. à la base du clocher.
(J)      Chapelle latérale sud gothique XIV°s.
(K)      Arc de reprise en sous oeuvre XIV°s.
(L)      Contrefort extérieur (même programme).
(M)      Contrefort sur le clocher fin XIII°s.
(N)      Contrefort de sauvegarde (non concordant).
(P)      Clocher tronqué époque indéterminée.


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Agris. Vue d'ensemble de l'élévation sud.


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