CHADURY
La paroisse se trouve non loin du cheminement antique menant de Saintes à Périgueux, à 15km d'Angoulême et dans un environnement d'autres belles églises romanes également étudiées telle Charmant, Voulgezac et Bécheresse. L'agglomération s'est fixée à 800m du cours d'eau le plus proche mais dans une légère dépression facilitant la récupération des ruissellements de surface et permettant également de forer des puits de faible profondeur (poche à eau). Elle offre des conditions favorables à la polyculture et trois chemins rayonnants menant de la ferme aux champs permettent d'exploiter un terroir moyen de 500 ha environ susceptible de nourrir au mieux 350 personnes et, cependant, l'église est d'une certaine importance, ce qui laisse supposer la permanence d'un certain nombre de petites fermettes environnantes.
L'ouvrage est très homogène et les trois éléments distincts qui la constituent se trouvent sur le même axe. Les travaux furent menés de manière méthodique, soit d'est en ouest, et la partie la plus ancienne conservée est l'abside qui se compose d'un hémicycle dont le découpage rayonnant est régulier plus une petite partie droite. L'ensemble est éclairé par trois fenêtres d'un appareillage soigné et comporte une structuration interne sur colonnettes engagées. Enfin, l'extérieur est garni de quatre contreforts rectangulaires de faible importance. L'ouvrage est coiffé d'un cul de four classique et nous proposerons une période d'édification couvrant les années 1090/1100.
Ce chevet est lié de manière très rationnelle à une travée clocher dont le plan interne est proche du carré, les arcs doubleau comportent deux rouleaux en plein cintre et les formerets sont constitués d'une nervure de même profil. Aujourd'hui nous les voyons reliés par quatre pendentifs portant une coupole d'Angoulême mais si nous admettons des fondations établies dans la même campagne que l'abside, cette coupole serait antérieure à 1020/1025 et c'est très précoce dans le monde rural. Cependant, si nous observons les fenêtres latérales hautes et étroites, elles semblent confirmer que le programme était bien celui d'une travée coupole malgré les arcs en plein cintre. Certes nous pouvons faire glisser ces datations d'une dizaine d'années vers le bas mais guère plus; les arcs brisés devenant de règle dans les travées coupole vers 1130. Le clocher, lui, est franchement postérieur, probablement fin XII°s, sans doute une reprise. A leur achèvement, ces parties orientales étaient t liées à une grande cella occidentale de structure légère avec murs porteurs et couverture en charpente, probablement daté du milieu du XI°s. C'est elle qui sera reprise sur la nouvelle campagne.
La nef actuelle est bien construite, en appareil régulier, et découpée en trois travées par des colonnes engagées internes et des contreforts externes correspondant. Les murs sont épais, d'où la volonté de voûter l'ensemble, la position basse des petites fenêtres, aujourd'hui obturées, le confirme. L'ouvrage est flanqué au nord est d'un escalier à vis destiné à l'accès aux combles. Ces caractères nous donnent pour l'ensemble de l'ouvrage une fourchette probable d'édification couvrant les années 1130/1150, mais la façade est antérieure et ses caractères suggèrent une réalisation du début du XII°, sans doute destinée à clôturer la nef primitive. Les voûtes du XII°s. devaient être en plein cintre mais elles seront détruites au cours d'une des périodes sombres de l'Histoire; les contemporaines sont en brique et plâtre.
Les mauvaises liaisons de la nef avec l'ancienne façade ont occasionné des décollements et justifié deux énormes contreforts de sauvegarde. Trois autres plus modestes seront installés sur l'ensemble oriental. A la fin du Moyen Age, les élévations de la nef ont été surchargées en médiocre appareil afin d'offrir un refuge et c'est sans doute cette mise en défense qui va provoquer la colère des hobereaux du voisinage et engendrer la destruction des voûtes.
(A) Hémicycle et partie droite 1090/1110
(B) Structure interne
(C) Contreforts externes concordants
(D) Trois fenêtres rayonnantes
(E) Travée clocher vers 1110/1120
(F) Arc perpendiculaire plein cintre
(G) Formerets plein cintre
(H) Quatre pendentifs
(J) Coupole d'Angoulême
(K) Clocher refait au XIV°s.
(L) Nef à trois travées 1130/1155
(M) Colonnes internes
(N) Contreforts externes concordants
(P) Fenêtre obturée
(Q) Escalier pour le clocher XII°s.
(R) Façade milieu XI°s. (reprise)
(S) Voûtes légères XVIII°s.