Le siècle des Plantagenets


CLAIX

La paroisse se trouve à 1600m au nord de la voie romaine reliant Saintes à Périgueux, deux agglomérations antiques de première importance. Elle se trouve également au sud d'Angoulême dont l'oppidum retrouvera toute sa valeur stratégique dès la période trouble du Bas Empire et cette situation en fera un évêché. Claix installée aux sources d'un petit affluent de la Charente bénéficie d'un terroir bien équilibré favorable à la polyculture et la communauté chrétienne doit remonter à la Haute Époque. Le premier sanctuaire fut conforme au parti primitif rural et les édifices successifs ont préservé la cella qui le caractérise mais c'est l'époque romane qui va définitivement fixer ses caractères.

La partie la plus ancienne est constituée par la nef, large de 5m 50 et longue de 20m 75; c'est un ouvrage soigné en moyen appareil avec des murs de l m 10 d'épaisseur, environ. Elle est décomposée en quatre travées dont les chapiteaux devaient supporter les fermes de charpente, ce sont des caractères fin XI°, vers 1080/1100. Après achèvement, l'ouvrage prend contact avec une ancienne cella orientale de moindre importance dont l'axe est légèrement déporté vers le sud.

Sur une seconde campagne, très proche de la précédente, une belle abside prolongée d'une partie droite est implantée à l'est. Son découpage est régulièrement rayonnant et le mur périphérique comporte quatre contreforts encadrant trois fenêtres soigneusement moulurées. En interne, nous trouvons, comme de coutume, des arcatures reposant sur colonnes engagées enfin, le cul de four ne comporte pas de doubleau mineur. C'est un ouvrage très rationnel dont la construction doit s'achever vers 1125/1130.

Dès 1120/1125, une travée clocher sera implantée entre l'abside nouvelle et la vieille nef, sa place était prévue et les alignements sont réguliers, par contre, et pour cause d'encombrement, le plan au sol est rectangulaire et ce sont des arcs à deux rouleaux, établis latéralement, qui permettront d'atteindre le carré de la croisée. Il n'y a pas de structuration externe. Le clocher qui va coiffer cette travée sera donc de plan rectangulaire. Les arcs doubleaux, comme les formerets, ne sont pas franchement brisés, sauf celui donnant sur la vieille nef et ces hésitations sont sans doute dues à un changement de programme consécutif à l'option d'une coupole sur pendentifs. La décision sera prise vers 1130/1135 et le clocher qui coiffe la croisée ne comporte qu'un seul niveau largement ouvert d'arcatures plein cintre.

La troisième et dernière campagne réalisée sur la fin du XI1° portera sur la vieille nef mais le responsable de chantier va préjuger de ses capacités ce qui est courant dans les provinces de l'Ouest à cette époque. Il va renforcer les colonnes engagées internes par un contrefort externe, ce qui est logique mais il est manifestement trop faible. Pour obtenir le volume du berceau brisé, il doit réduire la hauteur des colonnes et abaisser les chapiteaux qui, primitivement, montaient jusqu'à la charpente. Ceci fait, il va lancer des doubleaux de bonne taille destinés à porter une voûte. Les travaux commencent par la partie orientale de la nef mais l'implantation des murs qui remonte au XI° ainsi que le pas important réduisent l'inertie relative des contreforts. Très vite, cette première voûte connaît des problèmes d'affaissement. L'élévation nord qui devait être confortée par des bâtiments annexes résiste bien et les risques de déversement se manifestent sur le mur sud. Cette première travée voûtée n'est pas viable et sera sauvée par un puissant contrefort. Nous pouvons supposer que les travaux seront interrompus. La voûte actuelle est moderne. Lors de l'installation des contreforts, la campagne avait également porté sur les angles de la façade et la vieille porte romane remodelée à cette occasion. Enfin, à une époque indéterminée, un escalier à vis viendra flanquer l'élévation sud à la hauteur de la première travée.


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(A)     Reprise cella antérieure fin XI°s°
(B)     Abside rayonnante début XII°s.
(C)     Travée droite aveugle
(D)     Travée clocher même programme
(E)     Coupole sur pendentifs 1130/1140
(F)     Arc légèrement brisé
(G)     Cul de four prolongé vers 1130
(H)     Clocher tronqué achevé vers 1140
(J)     Escalier intégré vers 1145
(K)     Couronnement de l'escalier XlII°s.
(L)     Désaxement de l'ensemble oriental
(M)     Reprise de la nef vers 1160
(N)     Modification, surcharge de la façade
(P)     Voutement travée orientale fin XII°s.
(Q)     Voûtes légères modernes