Le siècle des Plantagenets


IVRAC

Le petit hameau d'Ivrac se trouve à proximité d'un ruisseau intermittent qui va rejoindre le cours de la Tardoire à peu de distance du site de La Rochefoucauld. Sur la période historique, la pratique de la polyculture a fait vivre en ce lieu 2 à 300 personnes réparties sur 40 à 60 foyers. Sur la première moitié du XI°s. Vers 1030/1050, la poussée démographique propre à l'ensemble de la région incite les paroissiens à reconstruire leur église sur un plan plus vaste et le parti choisi fut naturellement celui de la cella unique. Aujourd'hui, l'ouvrage avec le presbytère voisin devenu un habitat délabré se présente isolé mais cette désaffection relative lui a sans doute permis de sauvegarder ses caractères archaïques.

Avec une largeur interne de 6m 35, et une longueur de 17m 70 à l'axe, cette grande cella demeure un ouvrage de taille moyenne. Sa réalisation est en petit appareil et elle n'a jamais reçu de parements ou autre additif dans les siècles qui ont suivi. Il s'agit donc d'un témoignage exemplaire de la haute époque romane. Son portail occidental sans décor et sans colonnette ni chapiteau est demeuré dans l'état primitif. Les petites fenêtres d'origine ont disparu lors des reprises des parties hautes et deux grandes baies gothiques ont été ouvertes à la fin du Moyen Age sur le flanc sud. Enfin, quelques mouvements ont justifié l'installation d'un petit contrefort entre ces deux nouvelles fenêtres. Cette nef est actuellement recouverte d'un plafond de bois et nous pouvons regretter que le « plâtras« recouvrant les murs internes n'ait pas été dégagé.

Au début du XII°s. l'essor de la civilisation romane permet la construction d'un ensemble oriental comprenant une abside en hémicycle et une travée clocher. Il sera réalisé à l'est de la nef du XI0 avec un désaxement de 4° 30 environ. L'abside en hémicycle outrepassé est bien dessinée avec structures internes et externes en correspondance. La travée clocher contiguë nous offre quelques caractères curieux : les arcs formerets internes sont en plein cintre; pour les externes, celui du nord est en plein cintre tandis que celui du sud est faiblement brisé. Même ambiguïté pour les arcs perpendiculaires, celui clôturant l'abside est formé d'un rouleau légèrement brisé tandis que celui communiquant avec la nef est constitué de deux rouleaux toujours faiblement brisés mais beaucoup plus puissants. Ce déséquilibre nous suggère que la construction de la tour clocher a du intervenir en cours de réalisation. Sur ses bases nous trouvons quatre petites trompes doublées de corbeaux destinées à porter une coupole de profil archaïque mais qui ne semble pas avoir été construite. Nous pouvons également émettre l'hypothèse de sa démolition à la fin du Moyen Age pour éviter que la tour ne serve de refuge défensif. Le clocher actuel est de caractère rustique avec quatre fenêtres en plein cintre sans aucun aménagement structurel, son accès se faisait par la toiture de la nef

Cet ensemble oriental est bien délicat à dater. La facture est soignée mais les options architecturales demeurent archaïques et la période 1120/1150 nous semble la fourchette optimum. Cette partie orientale fut établie sur un dévers important ce qui a nécessité l'installation d'un énorme contrefort de sauvegarde sur le flanc sud.


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