Le siècle des Plantagenets


USSEAU

La paroisse se trouve sur la vallée de la Trèfle, un petit affluent qui rejoint la Charente en amont de Saintes. Elle est également située sur un itinéraire antique reliant Saintes à Libourne, une voie ponctuée de plusieurs belles églises romanes, telles Marignac au nord et Clam au sud. La terre est très favorable à une exploitation céréalière, mais Usseau, proche de la rivière a, semble-t-il, préservé un caractère de polyculture et ne possède que trois chemins rayonnants. La population du village fut, de ce fait, limitée dans son développement.

Du XI°s. il subsiste une grande cella large de 5m 60 et aujourd'hui réduite à une longueur de 12m 60 par une puissante façade refaite au Xll°s. A la fin du XI°s., la petite cella orientale est mise en cause et remplacée par un bel hémicycle prolongé d'une longue partie droite. Les murs d'une épaisseur de lm 30 étaient destinés à recevoir une voûte en berceau plein cintre, prolongement du cul de four mais le traitement de la maçonnerie est archaïque, sans raidisseur et sans doubleau. Cet ensemble construit vers 1070/1100 fait 10m 10 de long, en interne, et vient joindre l'ancienne cella.

Sur les deux décades qui vont suivre, 1100/1120, deux petites cellas rectangulaires seront établies à droite et à gauche de la grande cella formant nef; elles sont nettement plus basses que cette dernière et reçoivent des voûtes en berceau perpendiculaire. Vers 1130, un programme de voutement est envisagé sur cette vieille nef mais il faut renforcer les élévations avec de nouveaux parements et des piles engagées portant des arcs de structure externe, ceux de l'occident joignant l'ancienne façade. Achèvement vers 1135. Peu après, en 1140, une voûte est peut être installée sur l'ouvrage mais le risque était grand et ce n'est pas certain.

Parallèlement, les paroissiens regrettent que leur église ne comporte pas de clocher et un ouvrage de ce type sera édifié en lieu et place du croisillon sud mais sans communication avec la nef; l'accès se fait par une porte ouverte sur la face ouest de l'ouvrage. Cette nouvelle construction interfère avec l'arcature de planquement sud-est. A cette époque, les niveaux supérieurs de ce clocher sont sans doute desservis par des escaliers de bois. Enfin, l'achèvement de l'ouvrage, soit l'ouverture sur la nef, la voûte du premier niveau ainsi que les contreforts d'angle et plusieurs fenêtres seront réalisés à la fin du XIV0 ou début du XV°s.

Vers 1150/1160, la vieille façade ouest sera entièrement reprise pour l'édification d'un beau portail roman de facture austère et c'est plus tardivement que l'escalier à vis est plaqué sur la face interne de la façade puis noyé dans une surcharge de maçonnerie.

A la fin du Moyen Age, dans les périodes troubles, les charpentes de l'église seront incendiées et l'édifice souffre grandement. Les voûtes qui se sont affaissées seront démontées et l'ensemble des élévations réduites de 2m environ. L'hémicycle sera surchargé de parements et garni de contreforts, enfin, l'arc médian est repris en sous œuvre mais de manière désaxée. Aujourd'hui, l'église est couverte sur charpente et l'abside a reçu un plafond en bois: elle attend une restauration nécessaire.


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(A) Grande cella début XI°
(B) Abside archaïque vers 1050
(C) Longue partie droite vers 1060
(D) Voûte du chevet (ruinée)
(E) Croisillon nord vers 1100
(F) Nef, reprise en structure externe, vers 1120
(G) Reprise de la façade 1130/1140 (?)
(H) Construction du clocher 1135/1150
(J) Porte d'accès au clocher
(K) Interférence avec l'arcade sud
(L) Ruine des voûtes du chevet XIV°-XV°
(M) Reprise en structure externe
(N) Voûte du clocher XV°
(P) Ouverture sur la nef- XV°
(Q) Obturation de la porte- XV°
(R) Escalier à vis avec surcharge - XV°
(S) Reprises diverses sur les fenêtres -XV°