Le siècle des Plantagenets
CHERVES-RICHEMOND
L'agglomération se trouve au nord de Cognac, à peu de distance d'une petite rivière, l'Antenne, qui se jette dans la Charente. A l'origine elle était à cheval sur l'antique chaussée d'Agrippa joignant Saintes à Lyon et l'église romane reprend un lieu de culte remontant sans doute au Bas Empire et situé à 300m de l'axe de la voie que nous pouvons parfaitement identifier à l'ouest et à l'est. Cette articulation sera ultérieurement perturbée par les chemins des agriculteurs. Lors des rétablissement du Bas Moyen Age, une seconde agglomération va se fixer à 1000m plus au sud sur les bords de la rivière afin de faciliter l'exploitation des troupeaux, ce sera Chez Tère tandis qu'un second hameau distinct, dénommé Féry s'installe à 500m de l'église. Cette dernière restera le cœur de l'agglomération. Le terroir disponible couvre environ 1000 ha de bonne terre ce qui représente une population de 600 à 700 personnes, d'où la richesse du sanctuaire
L'église comporte une belle et grande abside soigneusement structurée de l'extérieur mais pas de l'intérieur. Cette partie orientale est clôturée par un très puissant doubleau retombant sur des piles formées de trois colonnes engagées. C'est un dessin que l'on trouve dans le Poitou. Suit une nef légère découpée en trois travées par des doubleaux reposant sur piles et colonnes engagées. Ces structures en arc brisé portent trois coupoles de l'école d'Angoulême de belle facture. L'ensemble est clôturée par une façade traditionnelle de Saintonge. Enfin, un clocher flanqué d'un escalier à vis et d'une petite abside orientée se trouve intégré au mur nord. Il est coiffé d'une flèche de pierre dans le style XIII°s.
A la hauteur de la première travée coupole une vaste ouverture sur le flanc sud de cette même travée donne sur une petite chapelle latérale qui s'est sans doute substituée à un croisillon détruit. L'ensemble est dans un état superbe mais c'est l'œuvre d'une restauration énergique du XIX°s., sort réservé aux ouvrages illustrant bien le romano byzantin. Lors de ces travaux, certaines parties comme l'abside et l'absidiole nord ont été reprises en parements et, là où ce n'était pas possible, un enduit de mortier de chaux avec des joints dessinés est venu masquer les méfaits du siècle ce qui ne facilite pas l'analyse de l'ouvrage.
Un premier regard portant sur la régularité des trois travées ainsi que l'homogénéité de leur structuration et l'excellente disposition des coupoles laissent penser qu'il s'agit d'une réalisation des années 1115/1150 mais ce fait est rarissime et la réalité est sans doute plus subtile. Quelques observations sont de nature à nous intriguer. Il nous semble que les murs de la nef sont venus rejoindre une façade existante et cette impression se confirme avec l'observation du pignon supérieur et des murets établis au dessus des élévations pour dégager le comble de l'extrados des coupoles. Mais, à l'inverse, nous devons reconnaître que les trois travées sont régulièrement réparties dans le volume de la nef ce qui est rarement le cas dans un voutement après coup. Enfin, les fenêtres sont bien centrées. En conclusion nous dirons que l'hypothèse d'une seule campagne homogène l'emporte et c'était également l'opinion des restaurateurs du XIX°s. mais n'ont-ils pas gommé ce qui pouvait passer à leurs yeux comme de menues imperfections. La quasi reconstruction de la cathédrale d'Angoulême est, à ce sujet, un exemple tristement célèbre. Comme le disait Charles Connoué, « contentons nous d'admirer. »
(A) Chevet 1115/1125
(B) Hémicycle avec structures externes
(C) Voûte en cul de four
(D) Doubleau de clôture, arc brisé
(E) Clocher-1120/1135
(F) Chapelle orientée
(G) Flèche de pierre XIII°s
(H) Nef à trois travées coupole- 1125/1150
(J) Doubleaux et formerets
(K) Pendentifs
(L) Coupole d'Angoulême
(M) Façade vers 1145/1150
(N) Contreforts de sauvegarde XIII°s.
(P) Surélévation des murs
(Q) Chapelle tardive