SIORAC-DE-RIBERAC
Ce village se trouve sur les hautes terres séparant le cours de l’Isle de celui de la Dronne. Il est établi sur une hauteur dominant la source d’un petit ruisseau qui alimente la Rissonne, elle même allant se jeter dans la Dronne. Comme les hauteurs environnantes culminent à 175 et 185m, et que les deux rivières coulent à cet endroit à des niveaux de 55 et 70m, ceci accentue l’effet de massif. D’autre part, le couvert boisé important nous signale que le sol est ingrat et peu favorable à la culture céréalière; c’est le domaine de la polyculture et les 600 à 700ha formant le terroir de la paroisse se trouvent toujours partagés entre diverses fermettes caractéristiques du mode celtique. Cependant, l’église élevée sur le site est impressionnante de puissance et d’austérité.
L’édifice comportait primitivement deux cella axées, une grande à l’ouest et une petite à l’est formant sanctuaire, toutes deux datant du XI° ou plus avant. L’ouvrage sera entièrement repris au XII°s. mais sur le même plan afin d’assurer les liaisons provisoires entre les anciennes structures et les nouvelles à la fin de chaque campagne annuelle. Les travaux semblent commencer par la petite cella qui reçoit une travée clocher installée dans la partie occidentale de l’ouvrage primitif. Les murs sont repris en puissance, les élévations latérales sont chacune flanquées de deux raidisseurs externes reliés par un arc, structure que l’on retrouve également en interne et qui, là, servira de base au doubleau. Ces derniers sont composés de deux rouleaux mais accolés et non superposés comme de coutume, preuve nous semble-t-il d‘un changement de programme. Cette travée sera coiffée d’une coupole portée sur quatre pendentifs réguliers et dominée par un haut clocher où nous trouvons actuellement trois niveaux superposés. Le premier est garni de huit baies flanquées de colonnettes, le second est aveugle et le troisième largement ouvert de huit grandes baies rectangulaires nous semble plus tardif.
Si, dans l’architecture rurale, l’adoption de la coupole sur pendentifs se situe vers 1130, nous dirons que les travaux ont sans doute commencé vers 1115 et les deux étages couronnant l’ouvrage vers 1140/1145. Entre temps, vers 1130, à l’époque où la coupole est mise en place, le maître d’œuvre craint que l’ouvrage se trouve insuffisamment épaulé côté est et ce qui subsiste de la petite abside rectangulaire du XI° sera, elle aussi, reprise en puissance avec une voûte en berceau alignée sur l’arc oriental de la travée clocher. A la même époque, des craintes identiques concernant la partie ouest de l’ouvrage se manifestent. Contiguë à la croisée, nous trouvons un arc complémentaire plaqué sur les maçonneries existantes, c’est lui qui va donner le volume de la future nef.
Les travaux commencent peu après, vers 1145. L’épaisseur des murs est considérable, 1,78m environ pour une portée interne de 5, 10m. Ces rapports indiquent sans ambiguïté que l’ouvrage est destiné à recevoir une voûte en berceau. Sa longueur de 13, 90m sera décomposée en deux travées faisant respectivement 6,40m à l’est et 7,50m à l’ouest qui seront séparées par une double pile engagée engendrant deux grandes arcatures de profil brisé plaquées sur le mur. Le projet primitif prévoyait sans doute des arcs en plein cintre et les nouvelles formes vont interférer avec le bandeau qui court à la base du grand berceau, ce dernier étant naturellement aligné sur l’arc déjà installé en flanquement de la travée clocher. Les fenêtres étroites et hautes sont excentrées dans les travées, ceci suggère que le volume de l‘ancienne nef a pesé sur le programme nouveau et qu’il subsiste peut être des maçonneries du XI° préservées à l’intérieur des murs de l’ouvrage. L’ensemble des travaux de la nef doit être achevé vers 1170/1180.
L’édifice est établi à proximité du vallon et sur un fort dénivelé, l’abrupt qui le borde est d’environ 25m et ces conditions satisfaisantes pour l’ouvrage léger du XI° ne conviennent plus aux nouvelles maçonneries extrêmement lourdes. La vieille façade fut sans doute préservée et c’est à une époque indéterminée qu’elle fut remplacée par un énorme volume de maçonnerie de 2m 70 d’épaisseur dont les bases descendent profondément. Ce travail fut peut être réalisé fin XII° .
Les aménagements ultérieurs seront mineurs. A la fin du Moyen Age, les combles seront surélevés pour une mise en défense et la puissante façade surmontée d’un faux clocher, ouvert sur le revers. C’est également à cette époque que le clocher principal reçoit son troisième étage actuel avec huit grandes ouvertures rectangulaires. Toujours à la même époque, la petite abside reçoit deux contreforts obliques puis sera coiffée d’une voûte sur croisée d’ogives, tandis que sa fenêtre axiale sera agrandie. Enfin, c’est plus tardivement que deux petites sacristies seront établies sur les flancs du clocher en lieu et place des ouvrages précédents datant du XII°s.
Siorac de Ribérac - Vue de la vallée
(A) Base du clocher vers 1115
(B) Coupole d'Angoulême vers 1130
(Q Quatre pendentifs
(D) Clocher à quatre niveaux supérieurs vers 1140
(E) Abside rectangulaire vers 1125/1130
(F) Reprises ultérieures
(G) Escalier à vis vers 1140
(H) Nef à deux travées longues -1150/1175
(J) Voûtes en berceau brisé
(K) Puissante façade (surcharge)
Siorac de Ribérac - Clocher
Siorac de Ribérac - vue d'ensemble