BOULOUNEIX
Il ne subsiste aujourd’hui que quelques foyers dans ce petit hameau situé sur la haute vallée du Boulou, un affluent de la Dronne en aval de Brantôme mais il se trouve également à moins de 3km de l’itinéraire antique Saintes/Périgueux dont le tracé sera vaguement repris par la D 939. Le site ne comporte pas de terroir caractérisé et le lieu de culte fut établi à proximité du ponceau franchissant le Boulou. Les fermettes environnantes devaient se répartir sur les deux rives mais avec une petite concentration au cœur du système socioéconomique: le pont et le lieu de culte.
Le développement rural de l’An Mille justifiera la construction ou la reconstruction de la cella unique de 15m de long sur 5m de large. Les murs de moins d’un mètre d’épaisseur sont en médiocre appareil et les petites fenêtres haut placé comme il convient à cette époque. L’ouvrage doit dater des années 1000/1030. Existait-il une seconde cella axiale en guise de sanctuaire? C’est probable.
Au début du XII°s. vers 1100/1120, les travaux reprennent côté est par la construction d’une belle abside en hémicycle structurée en interne et en externe prolongée d’une courte travée droite conçue dans le même programme. L’ensemble est d’une réalisation soignée, en grand appareil, et son achèvement doit se situer vers 1140. A la même époque, la façade occidentale est également refaite dans le même traitement. L’ouvrage est particulièrement soigné avec une série d’arcatures au second niveau: période probable 1120/1130.
La travée clocher est plus délicate à analyser. Les quatre arcs brisés et la coupole sur pendentifs semblent une reprise aménagée dans le volume de la travée droite déjà réalisée dans le prolongement du chevet vers 1130. De ce programme il subsiste un arc en plein cintre sur la face nord de l’ouvrage actuel. Celui du sud sera marqué par une reprise en parements qui impliquera également trois contreforts du XIII°s. Deux autres de la même époque sont visibles au nord. Dans ces conditions, reprise des arcs en interne, pendentifs et coupoles sont à dater des années 1145/1155. Signalons également que l’arc de cette croisée côté nef sera repris en sous œuvre. S’agissait-il de celui assurant la communication entre les deux cella? C’est probable. Quant au clocher, dont les caractères sont particulièrement rustiques, il est antérieur à l’aménagement de la coupole et doit correspondre à la campagne de la seconde travée droite: réalisation 1130/1135.
Voyant leurs demeures plusieurs fois saccagées au cours de la Guerre de Cent Ans les villageois finiront par se replier sur la hauteur voisine dominée par un ensemble fortifié suffisamment vaste pour leur offrir abri et sécurité: c’est le domaine de la Gonterie dont le rôle de refuge se maintiendra jusqu’à la fin des Guerres de Religion. Au cours de cette longue période troublée, plusieurs artisans vont également s’établir à proximité du domaine qui va bientôt former une nouvelle agglomération. Son existence sera confirmée au XVII°s. par la construction d’une seconde église édifiée par la congrégation de Saint Maur.
(A) Grande cella début du XI°s.,1000/1030
(B) Abside en hémicycle vers 1110/1130
(C) Structure interne
(D) Structure externe non concordante
(E) Reprise probable de la petite cella, 1120
(F) Nouvelle façade, 1120/1135
(G) Travée clocher, début des travaux vers 1145
(H) Arc brisé clôturant l'abside, 1150
(J) Reprise de l'arc occidental, 1150
(K) Arcs latéraux intégrés dans le vieux mur
(L) Coupole sur pendentifs (travée rectangulaire)
(M) Clocher antérieur à la coupole
(N) Contreforts de sauvegarde, XIII°s.
(P) Différentes couvertures
Boulouneix - Façade occidentale